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  • Writer's picturePlacements Louisbourg

Les dividendes des banques sont-ils sûrs?

15 août, 2020



Il y a toujours de l’inconnu pour des investisseurs lorsqu’ils analysent une entreprise et le niveau d’endettement amplifie cet élément d’incertitude. Les banques ne font pas exception à cette réalité, surtout puisque leur modèle d’affaires est fondé sur l’endettement.

À la base, le processus bancaire traditionnel est d’emprunter de l’argent des clients pour un taux d’intérêt « x » et ensuite prêter cet argent à d’autres clients à un taux d’intérêt « x + y », réalisant ainsi un revenu équivalent à « y ». Les emprunts faits par la banque peuvent prendre la forme de dépôts (comptes bancaires, CPG, etc.) ou des obligations émises aux investisseurs. Toutefois, les banques doivent aussi investir de leur propre argent dans leurs opérations. Depuis la grande crise financière de 2008, les banques doivent détenir un minimum de fonds propres pour pouvoir absorber des pertes. Les banques d’une plus grande importance systémique ont des exigences plus élevées de capitaux propres. Au Canada, les plus grandes banques sont la Banque Royale et TD Canada Trust. Celles-ci doivent maintenir un ratio de capital CET1 de 9 %. Un ratio de capital est comme une mise de fonds dont vous avez besoin pour acheter une maison. Vous ne pouvez pas emprunter le plein montant de l’achat, vous devez payer un certain pourcentage du coût de vos poches. La question concernant les dividendes est directement liée au ratio de capital. Les banques pourraient augmenter leur « coussin de fonds propres » de différentes façons pour protéger davantage leurs opérations. La manière la plus simple de faire ceci serait de réduire les dividendes vers


és aux actionnaires. Les profits d’une entreprise sont ajoutés à ses fonds propres jusqu’à ce qu’elle les retourne à ses actionnaires. Les banques vont habituellement distribuer une partie leurs bénéfices sous forme de dividendes ou en rachetant des actions, et le reste sera investi dans la croissance de ses affaires. La question à se poser par rapport aux dividendes : est-ce que les banques ont besoin d’augmenter leur ratio de capital étant donné la situation économique actuelle? Au Canada, le ratio de capital CET1 de la plupart des grandes banques est supérieur à 11.5 %, soit 2,5 % de plus que le minimum requis. Les plus petites banques, comme la Banque Laurentienne qui a récemment réduit son dividende, n’ont pas un aussi gros coussin de fonds propres puisqu’elles ne sont pas considérées comme étant d’une importance systémique. Depuis plusieurs années, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a poussé les grandes banques à augmenter leur ratio de capital d’environ 0,25 % à 0,50 % par année. Le résultat est que l’augmentation des dividendes versés par ces banques étaient limitée. Toutefois, ces augmentations aux exigences minimales ont permis au BSIF de les diminuer de 1,25 % au début de la crise du COVID-19, permettant aux banques de prêter de l’argent plus librement pour soutenir l’économie. Si les grandes banques ne peuvent pas maintenir le ratio de capital minimum de 9 %, le BSIF exigera qu’elles arrêtent d’octroyer des prêts. Le risque actuel en ce temps de pandémie est qu’il y ait plus de prêts que prévu qui deviennent de mauvaises créances, ce qui veut dire que les banques devront absorber des pertes sur ces prêts, ce qui réduira leur ratio de capital. Toutefois, les banques ont déjà prévu le coup en traitant certains prêts productifs comme des mauvaises créances. Cela veut dire que leur ratio de capital actuel reflète de plus grandes pertes sur mauvaises créances que s’en est le cas actuellement. De plus, le système de prêts hypothécaires au Canada est relativement unique en ce sens qu’une importante mise de fonds doit être payé par les emprunteurs, sinon ils doivent payer pour faire assurer le prêt par un organisme comme la SCHL, ce qui protège le système bancaire contre des pertes importantes. Les hypothèques et marges de crédit hypothécaires sont garantis par les propriétés pour lesquels elles ont été octroyées. S’il y a défaut de paiement par l’emprunteur sur un prêt non-assuré, le prêteur peut prendre possession de la propriété et la vendre pour couvrir le prêt. Dans ce cas-ci, la perte sera seulement la différence entre le produit de la vente de la propriété et


le montant dû, si ce dernier est supérieur. Si la valeur marchande des maisons baisse de plus de 20 %, ceci pourrait devenir un enjeu plus sérieux, mais pour l’instant, le marché immobilier est assez stable. Les grandes banques canadiennes ont aussi des opérations très diversifiées. Par exemple, environ la moitié des revenus de la Banque Royale provient de ses activités bancaires personnelles et commerciales. L’autre moitié vient des activités de gestion de patrimoine, d’assurance, de marché des capitaux et des services de trésorerie. Ces autres activités offrent une protection additionnelle car elles sont moins affectées par le risque de défaut sur les prêts et leurs revenus vont aider à maintenir le ratio de capital requis. La position du BSIF pourrait changer et il pourrait interdire aux banques de verser des dividendes ou racheter des actions, mais ce scénario semble peu probable. Bien sûr, les pertes dues aux mauvaises créances pourraient être plus grandes que prévues, mais l’aide offerte aux entreprises et consommateurs par le gouvernement réduit les chances que ceci se produise. Le système bancaire canadien s’est bâti des réserves pour faire face à des situations difficiles comme celle que nous vivons et les banques peuvent maintenant piger dans ces réserves pour maintenir une certaine stabilité. Cela démontre une bonne exécution de la part des organismes de réglementation des services financiers, quelque chose qu’on ne voit pas dans tous les pays. Cet article est pour information générale seulement et ne constitue pas des conseils financiers, fiscaux, comptables ou légaux. Pour obtenir plus d’information sur ce sujet, veuillez consulter un professionnel. Les opinions exprimées dans cet article sont propres à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de Placements Louisbourg. Auteur:

Robert Currie, CFA est un gestionnaire de portefeuille adjoint chez Placements Louisbourg. Vos commentaires et questions peuvent être soumises par courriel à robert.currie@louisbourg.net.


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